mardi 30 août 2016

Metamorphose

Avancer. Maintenant qu'elle est partie. Un pied en avant, trois petits pas. Vers où. Il sèche. S'il stagne, il ne respire plus. S'il avance il se perd. 
Elle était la boussole qu'il s'était choisit pour tenir debout et donner le change. Elle représentait la vie qu'il se devait de vivre pour être normal, pour entrer dans le moule. Elle était son port à la vie rangée qu'il avait pris comme cap. Certes, sauf qu'un jour...il ne sait plus trop quand il avait commencé à craqueler. Ce qu'il avait au fond de lui commençait à se voir et surtout elle y voyait très clair. Elle était lucide, bien plus que lui même ce jour là. Il ne comprenait pas bien ses mots. Il les rejetait presque. C'était son choix, il avait atteint son but. Sa vie était parfaitement réglée sur une partition qu'il avait lui même écrite et elle essayait de lui démontrer le contraire. Sauf que plus il niait l'évidence et plus il craquelait. 
Elle avait laissé en partant cet espace plein de questions sur lui même. La parfaite partition avait déraillé. Ne restait plus que lui et ses principes tout rayés. Chaque pas en avant le faisait plonger un peu plus dans sa vérité. Le reflet de lui même qu'il avait effacé du miroir venait tout à coup y réapparaitre par morceau. Un pâle reflet qui chaque jour lui mordait les entrailles, le jugeant de lâche abandon. 
Parfois dès le lever l'autre lui même venait lui murmurer des choses à l'oreille. Il dut se rendre à l'évidence. Il n'était qu'une imposture. Et si elle était partie c'était pour ça. Qui voulait vivre avec un imposteur? 
Découvrir qu'il n'était pas lui même sans réellement le savoir c'était comme se prendre un uppercut d'une force surhumaine. S'il s'en voulait? Il ne savait pas trop. Il avait juste conscience d'avoir été un acteur. Il était entré dans le rôle de sa vie, s'y était investit et elle lui avait volé ça. C'est elle qui avait fait craqué le vernis par ses questionnements incessants et ses yeux perçants qui voyaient tout. Et voilà que même en acteur il était nul. Alors il lui en voulut à elle. Ne pouvait elle pas seulement jouer le jeu. Le laisser tranquille? 
Il devait maintenant composer avec cet autre lui même, et merde il ne savait pas qui il était. Il ne savait même pas s'il voulait faire sa connaissance. Il fallait tout réapprendre comme un enfant. Et ce n'était même pas la cause d'un chagrin d'amour, plutôt d'un chagrin d'égo. 
Et comment ça se soigne un chagrin d'égo?