vendredi 29 avril 2011

D' Outre Tombe

Elle sort d'un profond sommeil, ses paupières sont si lourdes. Elle lutte contre le sommeil, un vertige irréel s'empare d'elle. Elle ouvre les yeux, tout est noir. Elle s'étonne, ne sait plus où elle est et son corps endolori se rebelle. Elle veut se lever mais ne peut pas. Elle tâtonne et cherche un interrupteur, quelque chose mais il n'y a rien. Son dernier souvenir ne lui revient pas et ses yeux s'affolent. Elle se souvient avoir mit une robe, et se sent nue. Une sensation de pudeur s'empare d'elle et elle rougit. Elle a chaud et froid. Ses mains se posent sur sa poitrine mais sa robe est bien là, humide mais là. Son soutien gorge, lui, a disparu. Plus bas, sa main rencontre un sexe totalement découvert. Elle s'empresse de tirer sa robe vers le bas. Il fait si noir, et elle a peur. Peur de l'inconnu, peur de ce vide, peur de ce manque de tout. Il lui manque ses souvenirs, ses sous vêtements, son identité. Parce qu'elle ne sait plus si elle est brune ou blonde, si elle s'appelle Sophie ou Marlène. Il lui semble qu'elle a dormi cent ans, et qu'elle vient d'ailleurs. Elle tend l'oreille, se concentre pour entendre un son, une mélodie, une voix, mais rien. Pour combler ce rien elle hurle, s’époumone, s'épuise et impuissante se tait. Le manque de sa voix lui parait encore pire que tout alors elle se parle à elle même. Une voix hésitante, rauque et tremblante. Elle se fait la conversation pour ne pas sombrer. Elle récite l'alphabet, elle compte ses doigts, ses orteils, elle se caresse les cheveux en essayant de deviner leur couleur. La couleur, le rouge. Le rouge c'est peut être sa couleur préférée. Rouge, comme lui. Une seconde plus tard, ses joues sont baignées de larmes. elle se souvient. Lui, son amour, son amant son tout. Son univers, son horizon, son futur. Elle se rappelle tout cet amour qui lui faisait si mal parfois, cet amour qu'elle avait essayé de ne pas voir, d'atténuer. Elle avait essayé de faire comme si il n'existait pas. Mais cet amour là était au centre de sa vie. C'était lui. Et il voulait fuir. La quitter. La laisser là avec tout cet amour qui pouvait l'étouffer à tout moment. Il n'avait pas le droit. La violence avec laquelle ce non s'était imposé à son esprit, cette violence elle l'avait retourné contre lui. Non, il ne pouvait pas la quitter, sauf si elle le tuait. Avec cette si jolie statue. Une petite fée qu'elle avait depuis toute petite et qui l'avait toujours protégée. La jolie fée lui avait fracassé le crâne. Dans un état second elle avait reposé la petite statue sur son socle, elle était allé prendre un bain mais elle se sentait si seule, si seule. Le rejoindre, voilà c'était ce qu'il fallait. Elle a prit tout les somnifères qu'elle avait trouvé et puis en passant devant lui elle avait vu tout ce rouge autour de sa tête qui lui faisait comme une auréole. C'était un ange maintenant, et il l'attendait surement. 
Mais voilà qu'elle s'était réveillée, encore plus seule qu'avant, elle l'avait perdu à jamais puisque même dans la mort il ne voulait pas d'elle. 

mercredi 13 avril 2011

Dans la forêt

Maman est partie. Partie, et moi je suis seule maintenant. Je ne verrais plus ses lèvres rouge s'arrondir de stupeur pour juger ma dernière bêtise. Sa voix ne me fera plus de reproches. Maman m'a quittée, elle a rendu son dernier souffle au creux de ma main, comme pour me blesser une dernière fois. Tiens, prend ma fille, essaie de vivre avec ça! Et j'avance le poing fermé depuis. Je me traîne le long du chemin. Avant avec maman, j'allais cueillir des champignons. J'étais petite dans mon ciré jaune qu'elle me forçait a enfiler quel que soit le temps. Jamais elle ne m'a laissé en cueillir un seul de peur que je me trompe, que je le coupe mal, que je le choisisse mal. Je ne sais plus pourquoi elle m'emmenait cueillir des champignons parce qu'elle n'en cueillait pas non plus. Elle se tenait devant accroupi avec le bord de sa robe qui traînait dans la terre et elle regardait les champignons. Parfois j'osais approcher tout près, trop près parce que j'écrasais sa robe mais elle ne disait rien, son silence était tourné vers les champignons qui pointaient leurs nez hors du sol. Jamais je n'ai résolu le mystère des champignons et quand j'y repense je frissonne, comme si le vent de la forêt s'engouffrait sous mes vêtements comme des années plus tôt. Maintenant ma mère est partie et je ne saurais pas pourquoi elle m'emmenait grelotter dans la nature pour voir des cèpes et des girolles. J'essaie très fort de me souvenir des derniers mots que je lui ais dit, des derniers moments que l'on a passé ensemble mais je ne me rappelle que des petits chapeaux dans la terre. C'est tout ce qu'il me reste d'elle avec son souffle dans mon poing fermé. Mon regard se perd loin et les souvenirs affluent. Maman devant l'évier avec son tablier bleu, maman devant la baignoire qui agite l'eau du bain, maman qui me berce parce que papa n'est plus là, ma maman à moi qui me protégeait, qui me prenait la main pour que jamais je ne la quitte, pour que jamais je ne m'enfuie. Et je me suis enfuie, je lui ais brisé le coeur et jamais elle ne me l'a pardonné. Même pas avec toutes les cartes postales que je lui envoyais de partout, elle me faisait la grimace et se plaignait que jamais je n'aurais de vie. C'était ça ma vie, mais sa vie c'était moi et je l'ai laissée. Aujourd'hui c'est elle qui m'a laissé et elle a brisé mon coeur. Elle aurait pu se battre mais ne l'a pas fait parce que j'ai été égoïste et qu'elle n'avait rien d'autre que moi dans la vie. Comme je n'étais pas là elle s'en est allée. Alors j'ouvre mon poing et je dis va maman, maman d'amour va retrouver tes champignons dans la forêt.

vendredi 8 avril 2011

Vendredi ou l'attente sauvage

Je me retourne et tu n'es pas là. Alors je lève la tête et je me dis que le ciel est bleu. Et alors? Tu viens? Je t'attends tu vois...ciel bleu ou pas. Je compte les heures, mais je compte mal et je m'emmêles les pinceaux. J'additionne en chantant les minutes et les secondes, le résultat ne me satisfait pas, je soustrais, je souris et j'attends encore. L'habitude de ces instants avant ton arrivée. Ces instants où je passe par milles émotions à la fois. Heureuse d'apprendre ta venue, malheureuse de l'espace temps qui me parait long, si long. Euphorique, je m'affaire pour que vite, vite tu sois là. Comme par magie. Tu apparais et enfin je suis heureuse. Mais pas encore. Je me languis, la lassitude me prend. Mes pensées trainent vers toi. Elles parcourent des kilomètres jusqu'à te toucher. Je peux te sentir, ton parfum, la douceur de ta peau qui approchent. L'instant s'éternise, l'attente se fait calvaire. Je ne suis plus qu'a quelques secondes de toi. Si je fermais les yeux, tu t'approcherais lentement, je les ouvrirais et tu serais là, devant moi. J'essaie, j'essaie de toutes mes forces. Tellement que j'en ai mal aux paupières mais ça ne marche pas. Comme la belle au bois dormant je m'étend, j'attends le sommeil mais il ne vient pas. Je pense trop à toi. Cette attente qui me transforme en horloge. Je fais tic tac, mais je ne sonne pas. Totalement déréglée. Je vais trop vite, je t'attend trop vite, je t'espère trop vite. Je vais par là, je reviens, je me cogne, je m'agite et au final je ne fais rien que t'attendre. Je conjugue ce verbe à tous les temps. Mais je préfère au passé. Tu es là, je t'attendais...

dimanche 3 avril 2011

Au revoir

L'heure tourne et mon coeur étouffe. La trotteuse trotte, trotte, trotte. Et les aiguilles tournent. Le vertige me prend quand je vois l'heure filer. Bientôt il faudra dire au revoir. Sur un quai de gare, au milieu d'inconnus qui me voleront peut être des bouts d'émotions ou qui copieront les miennes. Et alors je ne serais plus moi, avec mes larmes ravalées et mon envie de tout envoyer promener pour me promener encore main dans la main avec toi. Rester. Résonne à mes oreilles comme un long avertissement. Si je restais, si je restais..et je ne peux pas, je dois partir. Partir. Le cafard au ventre, les boyaux tordus, les lèvres pincées. Ce n'est pas moi qui veux, c'est la vie, ma raison, ma vie. Les rails ont tracés une route que je dois emprunter pour m'éloigner. A grande vitesse, je créé mon absence. Va, va mon coeur, lâche ma main et ne me retiens pas. Si tu me dis de rester je pourrais dire oui, et alors ce serait une folie. L'heure tourne et déjà je suis loin. Loin de nous, de nos heures, de nos rires, de nos confidences. Loin de toi. Une autre région, un autre ciel, où tu n'es pas. Une gare avec toi, deux coeurs, un au revoir. Et puis mon autre vie. Une autre gare.