mardi 29 novembre 2011

Le Néant

Je n'y arrive plus. Je savais faire avant. Les mots s'écoulaient de moi comme pour se libérer de mon emprise. Je me sens vide. Vide des mots qui m'ont toujours fait vibrer. Je savais faire. J'ouvrais une page blanche, et elle se noircissait en quelques minutes. Sans même que j'ai besoin de relever le nez pour réfléchir. C'était comme un prolongement de moi. J'écrivais, c'est tout. Et depuis ça. J'ai perdu la foi, j'ai perdu mes mots. J'essaie de les faire revenir à moi et rien. J'ai beau fouiller, plus je creuse et plus le vide prend la place. Je me suis perdue dans mes doutes. J'ai laissé mes espoirs dans ma peine. Les derniers mots, les dernières phrases que j'ai laissées sont pour lui, ou elle. Mon inspiration s'en est allé avec son dernier soupir. Il ne reste plus que moi. Creusée, rongée par la tristesse qui envahit mon ventre vide. Avant j'écrivais et je crachais mon mal être dans mes mots, et j'étais forte. J'étais forte, j'étais moi. Aujourd'hui je dois me rencontrer à nouveau avant de pouvoir me dire que je suis forte.

vendredi 29 avril 2011

D' Outre Tombe

Elle sort d'un profond sommeil, ses paupières sont si lourdes. Elle lutte contre le sommeil, un vertige irréel s'empare d'elle. Elle ouvre les yeux, tout est noir. Elle s'étonne, ne sait plus où elle est et son corps endolori se rebelle. Elle veut se lever mais ne peut pas. Elle tâtonne et cherche un interrupteur, quelque chose mais il n'y a rien. Son dernier souvenir ne lui revient pas et ses yeux s'affolent. Elle se souvient avoir mit une robe, et se sent nue. Une sensation de pudeur s'empare d'elle et elle rougit. Elle a chaud et froid. Ses mains se posent sur sa poitrine mais sa robe est bien là, humide mais là. Son soutien gorge, lui, a disparu. Plus bas, sa main rencontre un sexe totalement découvert. Elle s'empresse de tirer sa robe vers le bas. Il fait si noir, et elle a peur. Peur de l'inconnu, peur de ce vide, peur de ce manque de tout. Il lui manque ses souvenirs, ses sous vêtements, son identité. Parce qu'elle ne sait plus si elle est brune ou blonde, si elle s'appelle Sophie ou Marlène. Il lui semble qu'elle a dormi cent ans, et qu'elle vient d'ailleurs. Elle tend l'oreille, se concentre pour entendre un son, une mélodie, une voix, mais rien. Pour combler ce rien elle hurle, s’époumone, s'épuise et impuissante se tait. Le manque de sa voix lui parait encore pire que tout alors elle se parle à elle même. Une voix hésitante, rauque et tremblante. Elle se fait la conversation pour ne pas sombrer. Elle récite l'alphabet, elle compte ses doigts, ses orteils, elle se caresse les cheveux en essayant de deviner leur couleur. La couleur, le rouge. Le rouge c'est peut être sa couleur préférée. Rouge, comme lui. Une seconde plus tard, ses joues sont baignées de larmes. elle se souvient. Lui, son amour, son amant son tout. Son univers, son horizon, son futur. Elle se rappelle tout cet amour qui lui faisait si mal parfois, cet amour qu'elle avait essayé de ne pas voir, d'atténuer. Elle avait essayé de faire comme si il n'existait pas. Mais cet amour là était au centre de sa vie. C'était lui. Et il voulait fuir. La quitter. La laisser là avec tout cet amour qui pouvait l'étouffer à tout moment. Il n'avait pas le droit. La violence avec laquelle ce non s'était imposé à son esprit, cette violence elle l'avait retourné contre lui. Non, il ne pouvait pas la quitter, sauf si elle le tuait. Avec cette si jolie statue. Une petite fée qu'elle avait depuis toute petite et qui l'avait toujours protégée. La jolie fée lui avait fracassé le crâne. Dans un état second elle avait reposé la petite statue sur son socle, elle était allé prendre un bain mais elle se sentait si seule, si seule. Le rejoindre, voilà c'était ce qu'il fallait. Elle a prit tout les somnifères qu'elle avait trouvé et puis en passant devant lui elle avait vu tout ce rouge autour de sa tête qui lui faisait comme une auréole. C'était un ange maintenant, et il l'attendait surement. 
Mais voilà qu'elle s'était réveillée, encore plus seule qu'avant, elle l'avait perdu à jamais puisque même dans la mort il ne voulait pas d'elle. 

mercredi 13 avril 2011

Dans la forêt

Maman est partie. Partie, et moi je suis seule maintenant. Je ne verrais plus ses lèvres rouge s'arrondir de stupeur pour juger ma dernière bêtise. Sa voix ne me fera plus de reproches. Maman m'a quittée, elle a rendu son dernier souffle au creux de ma main, comme pour me blesser une dernière fois. Tiens, prend ma fille, essaie de vivre avec ça! Et j'avance le poing fermé depuis. Je me traîne le long du chemin. Avant avec maman, j'allais cueillir des champignons. J'étais petite dans mon ciré jaune qu'elle me forçait a enfiler quel que soit le temps. Jamais elle ne m'a laissé en cueillir un seul de peur que je me trompe, que je le coupe mal, que je le choisisse mal. Je ne sais plus pourquoi elle m'emmenait cueillir des champignons parce qu'elle n'en cueillait pas non plus. Elle se tenait devant accroupi avec le bord de sa robe qui traînait dans la terre et elle regardait les champignons. Parfois j'osais approcher tout près, trop près parce que j'écrasais sa robe mais elle ne disait rien, son silence était tourné vers les champignons qui pointaient leurs nez hors du sol. Jamais je n'ai résolu le mystère des champignons et quand j'y repense je frissonne, comme si le vent de la forêt s'engouffrait sous mes vêtements comme des années plus tôt. Maintenant ma mère est partie et je ne saurais pas pourquoi elle m'emmenait grelotter dans la nature pour voir des cèpes et des girolles. J'essaie très fort de me souvenir des derniers mots que je lui ais dit, des derniers moments que l'on a passé ensemble mais je ne me rappelle que des petits chapeaux dans la terre. C'est tout ce qu'il me reste d'elle avec son souffle dans mon poing fermé. Mon regard se perd loin et les souvenirs affluent. Maman devant l'évier avec son tablier bleu, maman devant la baignoire qui agite l'eau du bain, maman qui me berce parce que papa n'est plus là, ma maman à moi qui me protégeait, qui me prenait la main pour que jamais je ne la quitte, pour que jamais je ne m'enfuie. Et je me suis enfuie, je lui ais brisé le coeur et jamais elle ne me l'a pardonné. Même pas avec toutes les cartes postales que je lui envoyais de partout, elle me faisait la grimace et se plaignait que jamais je n'aurais de vie. C'était ça ma vie, mais sa vie c'était moi et je l'ai laissée. Aujourd'hui c'est elle qui m'a laissé et elle a brisé mon coeur. Elle aurait pu se battre mais ne l'a pas fait parce que j'ai été égoïste et qu'elle n'avait rien d'autre que moi dans la vie. Comme je n'étais pas là elle s'en est allée. Alors j'ouvre mon poing et je dis va maman, maman d'amour va retrouver tes champignons dans la forêt.

vendredi 8 avril 2011

Vendredi ou l'attente sauvage

Je me retourne et tu n'es pas là. Alors je lève la tête et je me dis que le ciel est bleu. Et alors? Tu viens? Je t'attends tu vois...ciel bleu ou pas. Je compte les heures, mais je compte mal et je m'emmêles les pinceaux. J'additionne en chantant les minutes et les secondes, le résultat ne me satisfait pas, je soustrais, je souris et j'attends encore. L'habitude de ces instants avant ton arrivée. Ces instants où je passe par milles émotions à la fois. Heureuse d'apprendre ta venue, malheureuse de l'espace temps qui me parait long, si long. Euphorique, je m'affaire pour que vite, vite tu sois là. Comme par magie. Tu apparais et enfin je suis heureuse. Mais pas encore. Je me languis, la lassitude me prend. Mes pensées trainent vers toi. Elles parcourent des kilomètres jusqu'à te toucher. Je peux te sentir, ton parfum, la douceur de ta peau qui approchent. L'instant s'éternise, l'attente se fait calvaire. Je ne suis plus qu'a quelques secondes de toi. Si je fermais les yeux, tu t'approcherais lentement, je les ouvrirais et tu serais là, devant moi. J'essaie, j'essaie de toutes mes forces. Tellement que j'en ai mal aux paupières mais ça ne marche pas. Comme la belle au bois dormant je m'étend, j'attends le sommeil mais il ne vient pas. Je pense trop à toi. Cette attente qui me transforme en horloge. Je fais tic tac, mais je ne sonne pas. Totalement déréglée. Je vais trop vite, je t'attend trop vite, je t'espère trop vite. Je vais par là, je reviens, je me cogne, je m'agite et au final je ne fais rien que t'attendre. Je conjugue ce verbe à tous les temps. Mais je préfère au passé. Tu es là, je t'attendais...

dimanche 3 avril 2011

Au revoir

L'heure tourne et mon coeur étouffe. La trotteuse trotte, trotte, trotte. Et les aiguilles tournent. Le vertige me prend quand je vois l'heure filer. Bientôt il faudra dire au revoir. Sur un quai de gare, au milieu d'inconnus qui me voleront peut être des bouts d'émotions ou qui copieront les miennes. Et alors je ne serais plus moi, avec mes larmes ravalées et mon envie de tout envoyer promener pour me promener encore main dans la main avec toi. Rester. Résonne à mes oreilles comme un long avertissement. Si je restais, si je restais..et je ne peux pas, je dois partir. Partir. Le cafard au ventre, les boyaux tordus, les lèvres pincées. Ce n'est pas moi qui veux, c'est la vie, ma raison, ma vie. Les rails ont tracés une route que je dois emprunter pour m'éloigner. A grande vitesse, je créé mon absence. Va, va mon coeur, lâche ma main et ne me retiens pas. Si tu me dis de rester je pourrais dire oui, et alors ce serait une folie. L'heure tourne et déjà je suis loin. Loin de nous, de nos heures, de nos rires, de nos confidences. Loin de toi. Une autre région, un autre ciel, où tu n'es pas. Une gare avec toi, deux coeurs, un au revoir. Et puis mon autre vie. Une autre gare. 

jeudi 31 mars 2011

La fenêtre en face

Elle se tient debout, le regarde perdu, vide, sans expression. Ses cheveux ont l'air gras et tout emmêlés. Ses joues sont creuses, ses lèvres n'ont plus vraiment de couleur. Elle se tient là debout et c'est comme si elle me regardait. Son regard me donne la chair de poule et je ne peux plus bouger. Est ce que c'est moi qu'elle regarde? Là bas de sa fenêtre, de l'autre côté de la cour. Son air hagard me fait frissonner. Je remarque qu'elle est nue. Sa peau est bleue par endroit. Elle n'a presque pas de seins. Des petits tétons bruns posés sur deux petites bosses. Et elle est là immobile, les bras le long du corps comme s'ils ne lui appartenaient pas. Les murs derrière elle sont gris. Et ce gris contraste avec la blondeur de ses cheveux et la pâleur de son teint. Tout est terne derrière sa fenêtre. Est ce que sa vie est terne aussi? J'essaie de lui sourire. Pour que le gris autour d'elle soit moins gris. Et rien ne change, toujours la même expression vide. Et j'aperçois que son bras se lève lentement. Très doucement elle le tend vers moi en ouvrant la main. Son geste est si soudain malgré sa lenteur que j'ai un mouvement de recul. La surprise peut être. Mais cela à suffit à ce qu'elle le baisse à nouveau. J'ai tendu le mien pour qu'elle voit que je ne voulais pas l'ignorer, mais elle ne communiquait déjà plus. J'ai vu son regard se porter au loin parce qu'elle n'avait pas pu trouver d'ancrage en moi. Elle a reculé d'un pas et a refermé ses fenêtres. Les murs gris ont disparus et je ne les ais plus jamais revu.

mercredi 30 mars 2011

Le pays où la vie est moins chère

Lentement elle traine son cabas derrière elle. Son dos est voûté, l'usure et la lassitude l'empêchent de se tenir droite. Elle passe de rayons en rayons en déchiffrant chaque étiquette, sa liste de courses et sa petite calculatrice à la main. De temps en temps elle grimace, repose un article et son regard se pose sur l'étage du dessous. Elle tend la main en se courbant un peu plus. Elle jette dans son cabas ce qu'elle vient d'attraper et soupire longuement en regardant avec envie les étages du haut. Si peut être elle faisait un écart...juste une fois. Elle reste un long moment le nez en l'air en se dandinant d'un pied sur l'autre. Elle essaie de se souvenir de la dernière fois où elle s'est fait plaisir...n'y arrive pas et très vite comme pour ne pas être prise en faute, elle attrape la tablette de chocolat de marque qui lui fait envie. Elle sent le rouge lui monter aux joues. Elle se redresse un peu et se sent toute drôle d'avoir osé. Son corps semble avoir pris de la hauteur parce que son dos n'est plus voûté. Durant un instant elle a cesser de se résigner.  Elle continue ses courses en chantonnant, elle se sent revivre avec sa tablette dans son cabas. Son pas est plus léger. Quand elle tapote sur sa calculatrice, ses doigts volent et les chiffres ne lui font plus tellement peur. 
La réalité lui revient en pleine figure quand elle prend la file à la caisse. Elle entend le bip récurent des articles scannés. Ça résonne en elle comme un avertissement. Elle imagine sa banquière l'a harceler au téléphone et se moquer de son découvert. Elle imagine les autres clients autour d'elle qui se moquent d'elle. Elle va jusqu'à imaginer ses enfants morts de faim parce qu'elle a voulu être égoïste et s'offrir du chocolat. Sa main tremble, elle sort la plaquette du cabas et la pose sur le côté. Elle ne peut pas se permettre cet écart et son dos reprend sa forme courbé. Son visage se ferme et c'est son tour de passer à la caisse.

mardi 29 mars 2011

Chut...

Comme se taire. Un silence. Un abandon. Quelque part sur une route non pavée. Même pas jolie. Et on s'oublie, demain, dans un an, mais on s'oublie. Et quand il n'y aura plus rien que le vide abyssal que nous aurons laissé alors nous pourrons vivre à nouveau. Au delà de ta frontière que je ne pourrais plus traverser. Ne dis rien, non. J'entends ton coeur saigner. C'est comme une pluie diluvienne. Tout nos souvenirs s'effacent sous cette marée violente. Cet au revoir n'a pas de sens. Je prend tes mots à l'envers et ils ne veulent plus rien dire. Je ne comprend plus et mes oreilles ne sont plus écorchées par cette fin. Une fin sans victoire. Sans vainqueur. Je me tais et le silence t'entoure d'un drap angoissant. Il y a tes pensées qui m'assaillent et ma peine ne tarit pas. Ne me suis pas, je ne sais pas où je vais. Reprend ta main. Tu me l'as trop tendue, je te la rend et n'en voudrais jamais plus. Reprend ton corps. Je ne le souillerais plus. Prends mon adieu et ne te retourne plus. Tu t'enfonce dans ton dégoût de moi, je m'enlise dans ma haine de toi mais notre amour nous entoure d'un linceul de rien. Plus rien à dire, ni ressentir. Je reprend la route, je ne t'entend plus et je pleure sur ta stèle. Celle que j'ai dressée en mémoire de nous. Ci-gît un amour mort.

lundi 28 mars 2011

Son ombre

Elle n'était plus celle que l'on avait connue. Il y avait cette ombre en plus qu'elle portait en elle depuis quelques temps. Qui saurait dire en fait depuis quand? Il y eut un matin ensoleillé et cette ombre planait déjà derrière elle. Elle vivait et sa vie se passait sous nos regards sans que personne ne puisse l'approcher. Oui, on pouvait tâter sa peau, effleurer son cou, certains même s'aventuraient à gouter ses lèvres. Mais on n'approchait jamais son coeur. Aucun d'entre nous. Elle le gardait jalousement intact. C'est ce que je croyais. En fait l'ombre qui assombrissait son regards c'était le défaut de son coeur. Il n'était pas intact. Elle le protégeait pour ne pas assombrir d'avantage sa vie. Parce qu'elle s'émerveillait de tout, elle s'émerveillait de rien mais jamais de nous. 
J'aurais tant aimé découvrir son secret. Si seulement elle entrouvrait la bouche pour se confier, je serais là et j'écouterais. J'entendrais ce qui lui enserre le coeur et peut être que je saurais la guérir. Et si je ne savais pas comment faire, j'essaierais tellement fort, tellement fort que son sourire s'éclairerait. Si seulement son regard se posait sur moi sans m'ignorer, je pourrais réparer son coeur. J'apposerais mes mains sur sa poitrine et avec une infinie tendresse je l'aimerais tant qu'elle m'offrirait son monde. 
Elle m'ignore toujours, elle me méprise. Je fais partie des autres, ceux qu'elle ne voit pas, ce qu'elle maudit. Alors en secret, en silence je continue à la regarder papillonner sans jamais se poser en gardant espoir. L'espoir qu'un jour elle se pose sur ma vie.